« Et qu’est-ce qui me garantit qu’avec moi, ce sera différent ? »

Bonne question. Réponse. Absolument rien. Aucun mot à dire, puisque dans tous les cas, ce ne sera pas différent. Une fois qu’elle aura obtenu ce qu’elle voulait, Stella jetterait ce pauvre petit garçon, comme elle le faisait avec tous les autres, et ne lui adresserait plus la parole. Finalement, il n’y en avait qu’un qui avait réussi à abattre la barrière, et elle refusait qu’un seul autre n’y arrive. C’était primordial. D’autant plus que Liam était un Gryffondor, et cela suffirait à entacher sa réputation si jamais quelqu’un apprenait qu’il se passait quelque chose entre les deux-là.

« Rien ne te le garantira jamais, mais rappelle-toi bien que c’est ton unique chance de passer du temps avec moi. Seuls. »

Le regard qu’elle lança à Thomas, le joli garçon qui venait de lui poser la fameuse question, était plus qu’éloquent. Et tellement manipulateur. Il aurait fait craquer n’importe quel garçon. Ca avait marché pour Liam, et pour tous les autres. Alors pourquoi cela ne marcherait-il pas avec Thomas ? Tant de choses étaient lisibles dans le regard de la belle blonde. Une nuit. Passion. Amusement. Secret. Tant de choses qui n’arriveraient jamais, puisqu’elle ne voulait qu’une seule chose. Et une fois qu’elle l’aurait obtenu, elle partirait, sans même lui offrir ce qu’elle lui avait promis. Ou peut-être un baiser quand même pour le remercier. Mais ça s’arrêterait là. Comme à chaque fois. Stella usait de son charme à ses fins. Cela faisait sept ans qu’elle le faisait, et ça marchait tellement bien… Qu’elle n’était pas prête d’arrêter. Jamais elle n’était allée plus loin qu’un simple baiser… Sauf avec Liam.

La jeune fille regarda Thomas. Elle arrivait à lire l’hésitation dans ses yeux. Elle avait déjà gagné. Il finirait par craquer comme tous les autres avant lui. Ca marchait avec tout le monde. Depuis toute petite, elle était capricieuse. Dire le contraire serait le plus terrible des mensonges. Elle le savait. Ses parents le lui disaient absolument tout le temps, et même avec eux, elle n’a cessé d’en profiter. Et pourtant, elle était restée leur petit trésor adoré. Issue d’une famille de Sang Pur, Stella était l’enfant unique d’Elizabeth et Aaron Rosenfeld. Bien entendu, c’était une raison suffisante pour gâter une pareille enfant. Elle avait été éduquée dans la tradition de ces familles : à détester les Nés-Moldus, à prouver sans cesse qu’elle était supérieure aux autres de par son sang. Et elle avait appris seule à manipuler les autres, à rendre la vie impossible aux Nés-Moldus, et à obtenir ce qu’elle voulait quand elle le voulait.

« Alors ? »
« Une nuit en échange des ingrédients ? »
« Oui. Tu es d’accord ? »
« Je veux bien essayer. »

Stella sourit, et se pencha pour faire un petit bisou sur la joue de Thomas. Jouer les gentilles et les naïves était si facile pour elle. C’était si simple de faire les yeux doux pour obtenir ce qu’elle voulait et ça avait encore marché. Le jeune homme rougit sous l’effet de la bise et tenta une approche du visage de la jeune femme. Elle le laissa s’approcher, et posa son doigt sur les lèvres du garçon au dernier moment. Colla son front contre le sien, et murmura :

« Les ingrédients, Thomas. Après, tu feras tout ce que tu veux de moi. »

Alors que les joues du garçon devenaient encore plus rouges qu’une seconde auparavant, Stella s’éloigna en agitant la main dans sa direction. Et voilà, elle avait encore gagné. Son petit sourire naïf se transforma en un sourire victorieux alors qu’elle passait la main dans ses cheveux dans un geste qui en aurait fait craquer plus d’un. Ses parents seraient fiers d’elle s’ils la voyaient. Elle avait le monde à ses pieds, comme ils le voulaient. Peu importait la façon dont elle y arrivait, c’était tout ce qu’ils voulaient. Jamais ils ne lui avaient dit quoi que ce soit. Elle savait pourtant qu’il y avait une limite. Et cette limite, elle l’avait franchie avec Liam. Si ses parents venaient à le savoir… Elle n’était pas certaine d’y survivre. Autant ils ne diraient rien tant qu’elle ne dépassait pas cette limite, autant ils n’apprécieraient pas qu’un garçon lui vole sa virginité en échange de ce qu’elle voulait. Finalement, ses parents, son honneur, sa fierté donc étaient les seules limites qu’avait Stella. Elle n’irait pas à l’encontre de ses parents, ni de leurs décisions, même si elles ne lui plaisent pas. Sa famille, c’était sacré. Ils avaient tout fait pour qu’elle soit ainsi, et ils auraient tout sacrifié pour elle. Elle le savait. Et pour cette raison, Stella ne voulait pas les décevoir. Leur plus grande fierté avait été de la voir faire de la magie un matin de l’année de ses six ans. La voir faire léviter ses peluches jusqu’à elle pour s’amuser, oui, c’était bien leur plus grande fierté. Et l’un des meilleurs souvenirs en tant que sorcière de Stella. Quoique Poudlard apporte lui aussi son lot de souvenirs. Envoyée à Serpentard en première année, elle a su se faire une place parmi sa Maison, et personne ne semble vouloir tenter de la revendiquer. Petite princesse de sa Maison, Stella avait imposé son caractère et sa personnalité si bien que bon nombre de ses camarades avaient voulu partie de ses amis. Elle avait choisi les plus proches et gardé les autres pour les jours où elle aurait besoin d’eux.

Le soir venu, Stella rejoignit le lieu pour le rendez-vous, convenu dans la journée avec Thomas. Adossée contre le mur, elle attendit patiemment que le garçon arrive. Elle espérait qu’il aurait réussi à récupérer tous les ingrédients nécessaires. Les potions étaient sans aucun doute la matière préférée de la jeune fille. Elle excellait aussi dans le domaine de la Botanique et espérait un jour devenir une grande maîtresse des Potions, tout comme l’était le professeur Rogue. Ou peut-être Médicomage, peu importait du moment qu’elle pouvait toucher aux Potions et aux plantes. Lorsqu’elle entendit du bruit, la jeune femme se tourna vers son origine, et son joli sourire naïf et enchanteur naquit à la vue de Thomas. Enfin l’heure de vérité, avait-il réussi à récupérer les ingrédients ou non ? Une fois arrivé à la hauteur de la jeune femme, il tendit la main.

« Tiens. Tes ingrédients. »

Victoire. Il avait réussi. Stella récupéra les ingrédients dans un sourire victorieux, et les rangea délicatement dans son sac. Elle allait enfin pouvoir finir sa potion. Et jamais elle ne se ferait prendre par le professeur Rogue pour avoir fouillé dans sa réserve. La jeune fille regarda Thomas. Finir la manipulation, et se sortir de là comme elle avait toujours réussi à le faire. Elle approcha son visage du sien, et posa son front contre le sien pour la deuxième fois de la journée, et murmura :

« Merci Thomas. Tu es merveilleux. »

Cette fois, elle le laissa s’approcher de ses lèvres et prendre un peu d’initiative. Elle n’avait pas donné rendez-vous au garçon à cet endroit par hasard. Elle savait que derrière la porte qui était à quelques mètres d’elle, se trouvait un placard à balais. Un endroit parfait pour s’enfermer à deux. Ou enfermer quelqu’un. Lorsqu’elle décréta qu’il s’était assez amusé comme ça, elle coupa court, et se colla à lui.

« On ne va pas rester dans le couloir, on risquerait de se faire prendre… »

C’est lui qui chercha des yeux un endroit où aller. Et son regard se posa sur la porte. Parfait. Les deux se dirigèrent vers le placard à balais, et ce fut Stella qui prit cette fois l’initiative. Elle le fit rentrer en premier, le bloqua contre un mur où elle lui offrit un dernier baiser, ce que lui ne savait pas encore. Puis elle recula.

« Désolée, mais les placards à balais sont bons pour les gens comme toi… Je n’ai rien à y faire. »

Et avant qu’il n’ait pu esquisse le moindre geste, elle referma la porte et la verrouilla. Stella rejoignit sa salle commune, sans prêter attention aux cris du garçon. Demain, il y aurait des représailles, et ce ne serait pas elle qui perdrait. Peu importe, il aurait dû se douter qu’elle allait lui mentir et le laissait en plan. Après tout, elle était bien connue pour le faire à chaque fois. Et le pire dans tout ça, c’est que ça n’était pas prêt de s’arrêter.

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« Papa ! C'est quoi ça ? »

La jeune fille lança littéralement le journal sur la table. Cette histoire de réforme... Non, si elle quittait Serpentard, elle faisait un scandale, c'était sûr et certain. Son père tourna à peine les yeux vers le journal, puis vers sa fille.

« Visiblement le nouveau plan du Ministère pour que Dumbledore quitte Poudlard. Ca a fonctionné semble-t-il. »
« Tu étais au courant ? »
« Oui. »
« Et tu ne m'as rien dit ? »
« Non. »
« Il est hors de question que je quitte Serpentard. »
« Tu quitteras Serpentard. Mais rassure toi, je me suis arrangé pour que tu n'ailles pas à Poufsouffle. »
« Serdaigle, donc ? C'est encore le mieux des deux, mais je n'aime pas l'idée. »

On lui avait promis Serdaigle... Et elle avait eu Poufsouffle. Et le pire dans cette histoire, c'était qu'à Poufsouffle, il y avait Mini-Black... Il y aurait un meurtre avant la fin de l'année.