- Chaaante, Rossignol chaaante! - Va te refaire une beauté, Javotte, histoire que je prenne encore plus de plaisir à passer en rase-motte au dessus de ta tête...
Ayleen sourit... Elle avait toujours connu sa patronne aussi vive d'esprit! Une grande gamine (dont le nom de famille signifiait Rossignol, donc) âgée de 10 ans au moment où Disney adaptait Cendrillon, mais qui avait rattrapé ses classiques et profitait bien de son rôle de marraine pour voir les nouveaux! Elle secoua la tête et battit en retraite. Après un bref signal codé propre à la profession, elle retransmit l'ordre qui lui avait été donné par un pouce levé à toute une batterie de mécaniciens et de contrôleurs. Le hangar grinça et s'éveilla comme le tonnerre, le métal de la gigantesque porte cogna contre les cales en un bruit tonitruant... et la lumière fut.
- Ay à Dash, tu me reçois? - Fort et clair! Allez, lance ce bijou, ma grande! - T'es sûr que ce vieux coucou va décoller? - Ne le traite pas de vieux coucou, vieille chouette! Conditions idéales, on a fait tous les tests, on l'a réparé. C'est mon grand-père qui l'a monté, rien que pour ça, je suis sûre qu'il va voler! - T'es malade... - WOUUUUUUUUUUUHOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU!
Le vieux biplan repeint à neuf en rouge flamboyant transforma péniblement l'énergie potentielle accumulée par son hélice en énergie mécanique et les petites roues se mirent à patiner, à frotter, à pousser de toutes leur force vers l'extérieur. De là où elle était, la technicienne en chef accompagnait de ses espoirs la jeune pilote qui encourageait de toute sa personne son bolide. Il n'y avait rien de sorcier à faire voler un engin qui n'avait pas vu le ciel depuis déjà près de soixante ans, mais justement, c'était en cela qu'il y avait de la magie. De la magie moldue, certes, mais de la magie tout de même.
*Allez... Allez... Tu peux le faire... Je suis sûre que tu peux le faire... Je le sens, t'en crèves d'envie! Allez!*
La puissance du moteur augmenta de façon exponentielle, l'aile inférieur battait, vibrait, comme si l'appel d'air devenait irrésistible, Ashley manoeuvra et entra dans la troisième dimension! Le décollage rude et physique ne compta même pas pour elle, seule important la sensation de liberté et la fierté dans les yeux de son grand-père. - Papy, tu me reçois? - Fort et clair, Dash! Mais sois prudente! Je n'aime pas te voir là dedans! - Mais moi j'aime! Il est beau en rouge, hein? - Magnifique! Je croyais que tu préférais le bleu... Rentre à la base, maintenant! - Je préfère le bleu, oui. Loooopiiiing! - Non! Tu vas me faire mourir, si tu continues! - Papy, t'as connu la guerre, qu'est-ce que tu pourrais bien connaître de pire? - Te perdre, petite! Ce serait pire! - Mais non! Regarde un peu ça! - T'es malade... - Pire que ça! Je suis ta digne petite-fille!
Entre la panique et l'émotion, le coeur du vieil homme battait au même rythme que les pistons et manquait parfois aussi de faire des loopings! Depuis la tour, il regardait évoluer la moitié des amours de sa vie (l'autre étant constituée de son épouse et de son fils), Ashley et son sesquiplan, avec une facilité déconcertante. Il avait quinze ans la première fois qu'il avait piloté un engin de ce genre. De là où il était, dans le reflet de la vitre, il voyait encore ce jeune homme brulant ardemment de la fièvre du vol. Il avait eu son temps et n'aurait jamais pensé ressentir encore cela, mais Dash le rendait terriblement fier même s'il l'aurait préférée bien en sécurité... A plusieurs dizaines de mètres du sols, la pilote s'évadait... Entre attention perpétuelle et calculs précis et liberté et rêves, elle avait trouvé son équilibre. Elle repensait sans cesse à toutes ses 35 années déjà vécues et tout ce qu'elle avait déjà traversé...
Sa vie avait commencé en Mai 1960, dans une petite ville d'Angleterre non loin de Liverpool. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours baigné dans le milieu de l'aviation. Le club d'aviation de tourisme de son père où sa mère avait appris sur le tas la mécanique alors qu'elle se destinait à une carrière de designer l'avait même quasiment vue naître, l'accouchement ayant été déclenché par une explosion de moteur. Comme a coutume de le dire sa famille « T'as dû avoir une révélation, ce jour-là. Une sorte de « Oh quel BOUM! Il faut absolument que je sorte voir ça! », heureusement que t'as laissé le temps à ta mère d'arriver jusqu'à la clinique! ». Ce soir-là, Dean avait dû gérer la situation dans un calme olympien : éteindre le feu avant qu'il ne se propage à tous ses avions, emmener Mary et devenir un père modèle... Les pilotes sont faits pour endurer ce genre de stress... Enfin à peu de chose près.
Baigner dans ce milieu contribuait nécessairement à l'aimer, mais rien ne permettait de supposer qu'elle l'adoptât à ce point. Elle détestait le mot « passion », pour elle c'était « raisonnable » d'aimer l'aviation et puis ses risques, même s'ils n'en avaient (absolument) pas l'air, étaient calculés. Un passionné aurait sauté sur n'importe quelle occasion, n'aurait pas réfléchi. Pour elle, l'aviation, c'était plus qu'un mode de vie. Une religion. Elle avait foi en Elle, littéralement, jamais un l'ombre d'un doute n'était venu occulter sa raison de vivre. Pour elle, si le monde se comportait comme dans les aviateurs entre eux, il irait mieux : chaque acte doit être mesuré, analysé, pensé dans ses moindres détails avant d'être exécuté. La sécurité des uns dépend on ne peut plus de celle des autres. Evidemment les actes Kamikazes comme ceux de Pearl Harbor faisaient aussi partie de l'aviation, mais on ne peut qu'imaginer le tragique qu'il en résulte. L'aviation tranche dans les nuances de gris et le politiquement correct. Il faut admettre de dire toute la vérité et rien que la vérité, donner des détails, livrer sa confiance dans son équipe comme on confiait sa vie puisque tel était de toute façon le cas.
Alors qu'elle passait au dessus du lac, elle se remémora sa course en balais au dessus du lac de Poudlard contre Sirius... Elle ne put réprimer un petit rire...
Le vent d'Octobre ramenait le froid avec lui, ce Lundi... Ce n'était pas leur premier vol en balais, mais se perfectionner pour certain frôlaient l'évidence. Les balais biens alignés sur le sol, en attendant le professeur, les élèves, comme d'habitude, se massaient en troupeau autour d'un être solaire et majestueux : Sirius. - Eh oui, mes amis, je sais, je suis le Soleil de votre vie... - Effectivement, tu tapes sur le système, tu tiens trop chaud et te voir me fait mal aux yeux. Blanc. Gigantesque blanc. Ashley n'avait pas levé les yeux de son balai qu'elle inspectait plus par réflexe que par réelle nécessité. De tout temps, avant de monter dans un avion, elle avait vu son père, son grand-père et les membres du club inspecter les choses sous toutes les coutures en quête du détails qui nuirait au mieux à l'aérodynamisme, au pire à leur vie. Ses longs doigts fins occupés à préparer son matériel, elle ne réalisa pas que la ceinture d'astéroïde gravitant en orbite venait de programmer leur écrasement sur planète-hérétique-Nightingale. Une amie lui donna un coup de coude suffisamment explicite pour qu'elle lève les yeux plutôt que de la fusiller du regard. La perspective était intéressante, graphiquement parlant. Elle avant en face d'elle deux lignes qui se rejoignaient en un point de fuite au centre : Sirius Black. Dans les yeux de la jeune fille, il n'y avait pas le moindre remord. Vraiment rien. - Encore un moyen d'attirer mon attention, que voulez-vous?! Je suis populaiiire! Je m'étonnais aussi qu'une demoiselle résiste encore et toujours à mes charmes. Mais la malédiction est levée! Elle est folle de moi! Expressive devant l'Eternel, la jeune Gryffondor avait envoyé ses iris chocolat à la rencontre de ses fins sourcils avant de leur offrir un essor sur le côté, le plus loin possible de Sirius, en niant d'un mouvement de tête. Elle se fichait littéralement de ce qu'il pouvait dire à son sujet. Une histoire de bave de crapaud et de blanche colombe, en somme! Et elle avait bien mérité ses ailes de colombe. Le vol était inscrit dans son patrimoine génétique, mais plus loin que tout ce qu'elle avait pu analyser en observant le vol des avions, elle en avait une pratique réellement intuitive. Elle sentait quand il fallait décrocher, elle sentait quand il fallait s'élever, elle connaissait la plus infime partie des timing à adopter et des conduites à respecter pour un vol propre, sans bavure, rapide voire agressif. Intuitive, voire douée au sens premier, dotée d'un don, elle ne savait peut-être pas faire énormément de choses, mais ça, elle le faisait et bien. - Oh mais ne fais pas semblant, Lady, je suis irrésistible. Le vent avait un bien plus joli son, à ses yeux. Au moins il était utile... Son amie la sortit une nouvelle fois de son impassibilité par un second coup de coude. Enfin elle aurait voulu le faire mais son mouvement venait d'être suspendu par la poigne de sa victime. Ashley desserra sa main et écouta patiemment ce qu'on lui glissait à mi-mot avant de regarder Sirius qui n'avait pas bougé de son piédestal... ou plus exactement à son stade de vantardise, ses chevilles pouvaient faire office de piédestal. - La ferme, Black. - Je suis une staaar! Quoi que je dise, les gens sont heureux! Tu voudrais causer le malheur de la Terre entière en me faisant taire?! Tu es ignoble! Donne-moi une bonne raison de la fermer? - Ta parole. Tu tiens toujours ta parole. Si je te bats en course de balais, est-ce que tu la fermes toute une journée? - Ahahahah! Tu crois franchement que tu... oooh mais t'es trop mignooonne! Allez, juste pour ta naïveté, j'accepte! Plus motivée que jamais pour voler, après une vague idée du tracé du parcours, l'assaut avait été lancé et Ashley avait dominé la course (et Sirius lui-même mwahahahaaa). - T'as aucune technique et aucun réflexe! - T'as pris le balais de ta grand-mère! - C'est dire si t'es nul! - Rhaaa! On y retourne! - Crève, je t'aurai mis un tour dans la poire avant que t'aies le temps de dire « Elfe »! Mieux qu'un trophée ou qu'une victoire, le silence de Sirius toute une journée restera à jamais sa plus belle récompense. La vengeance? Hmmm... Un souaffle. Mérité, certes, mais un peu violent. Et après ce « un point partout », l'amitié avait pu se lier. Plutôt tacite à dire vrai, ils entretenaient une relation bienveillante l'un à l'égard de l'autre. Un peu comme un bon binôme chacun dans leur avion et chacun maître de leur propre vie, ils convolaient cependant en assurant l'un les arrières de l'autre. Ceci n'avait rien d'une relation « frère / soeur » dits « de coeur » classique, non, c'était plus subtile et puissant que cela. Le tabou entretenant l'image qu'ils en avaient. Ashley aurait confié sa vie à cet abruti notoire, ce vantard de première classe, mais à sa grande surprise il le fit avant elle. Et même plus que cela. A la naissance d'Alicia, Sirius avait tenu (enfin... il s'était arraché la langue à essayer de le demander) à ce qu'elle soit marraine.
Au détour d'une forêt, alors qu'elle décrochait pour faire demi-tour, elle se souvint de ce grand moment. Dans un parc empli de conifères et de feuillus comme cet espace qu'elle surplombait, elle avait découvert un Sirius fragile, fatigué, les traits tirés. Comme à leur habitude, les choses n'avaient pas été dévoilées directement, cela aurait nettement perdu de son intérêt, mais ils avaient un laisser-passer-émotionnel mutuel. Ils s'autorisaient à lire sur le visage l'un de l'autre. Ne détournaient pas le regard. Et Dash l'avait lu, ce jour-là. Pour la première fois de sa vie, Sirius réalisait qu'il avait quelque chose à perdre. Quelque chose que son attitude pourrait mettre en danger, s'il exagérait trop. Elle avait toujours viscéralement détesté celle qui est maintenant son ex-femme, mais pour Sirius, elle n'en avait rien dit et avait même envisagé de détourner le regard plus d'une fois malgré le pacte. Sa parole demeurant aussi précieuse que celle de son ami, elle avait gardé la porte de ses yeux ouvertes, il avait continué de vivre sa vie avec elle, soit, c'était son choix, elle le respectait. Alicia venait de pointer le bout de son nez, de toute façon... - Quoi qu'il t'arrive, tu sais très bien que je pourrai prendre soin d'elle. - Je veux que tu sois la marraine. - … Aaaah? Pourquoiii? - Me force pas. - Siii! Je veux te l'entendre dire! - Non, Dash! Et de toute façon tu n'as même pas encore accepté. - J'accepte. Dis-le moi. - Parce que... tu m'emmerdes! - C'est pas une bonne raison d'être une marraine, ça. - Parce que... tu... es... laseuleenquijaiconfianceaveclesgarçonsevidemmentpourélevermapetiteperle. - Ben voilààà. C'était pas si terrible! - A entendre de ma part, évidemment! C'est un réel honneur que le grand Sirius t'accorde un intérêt si particulier! Tu ne mesures pas ta chance! - Et c'est reparti... - Non mais sérieusement, est-ce que tu sais combien de sorciers et de sorcières rêveraient d'être à ta place? Parce que franchement, je suis quand même le leader des Canons de Chudley! En plus je suis beau, ce qui ne gâche rien, je suis riche, un point supplémentaire non négligeable, j'ai une belle maison et j... Elle laissa le jeune Papa cacher son angoisse derrière sa verve légendaire et cala sa tête sur son épaule. Ils perdurèrent ainsi pendant de longs moments, alors que le Crépuscule déclinait et que les éloges qu'il se faisait, elles, ne cessaient de croître. - Mais j'y pense... T'emmènes pas ma fille dans tes engins de malheur, hein? - Ben si! - T'as pas intérêt! Sinon je te bouffe! - Trop taaard! Je pense même lui offrir un baptême de l'air comme cadeau de naissance! - HEIN?! - Mais non, relaxe, ce serait pas bon pour ses oreilles. - Ah... - Je vais attendre son premier anniversaire. - ARRÊTE!
Retour à la base, il fallait aligner les plans de la piste avec ses ailes, elle inspira un grand coup et entrepris une dernière fois de faire le bilan des manoeuvres avec le bilan de sa vie. Elle se destinait à une carrière de médicomage mais le vol l'avait rattrapée, désormais elle jouissait elle aussi d'une popularité sportive reconnue dans tout le monde sorcier bien qu'elle en eût une pratique plus humble que le père de sa filleule. Ses courses et démonstrations de haute voltige avaient fait d'elle l'égérie des plus grandes marque de balais, elle avait même lancé sa griffe et son entreprise marchait plutôt bien. Entre la business woman et la sportive, la femme d'action et de conviction, elle profitait d'une couverture efficace pour l'Ordre du Phoenix. La promotion de ses balais et l'offre faite aux petits yeux piqués de « Quand je s'rai grand je serai toiii! » de démonstrations de voltiges justifiaient ses déplacements et le contrôle relâché auquel elle devait se plier avait le mérite de faire de sa vie sinon un film d'espionnage sauce animagus au moins quelque chose d'intéressant. Elle atterrit en douceur et retrouva les siens...
Spoiler:
Un million de jurons venait de s'envoler avec le petit avion de tourisme, alors qu'Ashley souriait de plus en plus à mesure que le métal s'élevait, de l'autre côté de la vitre de la petite tour de contrôle, l'équipe s'affairait, frôlant la panique. - Dash!! Rentre à la base!! - Ashley, chérie, réponds! - Laisse tomber, Mary, la radio doit être grillée... Les ascendants portèrent à une altitude idéale l'innocence incarnée à mille lieues d'imaginer le danger qu'elle courait sans assistance. Devant elle se déroulait un par terre de cimes d'arbres sur lequel l'imagination autorisait le rêve de passer la main comme l'on retourne l'herbe, mais ce qui pour elle était une invitation à flirter avec les forêts, glisser sur la douceur des feuilles, devenait pour sa famille l'image effrayante d'une planche de fakir monstrueuse ou une collection de lames de rasoirs parée à réceptionner un crash. - Mon petit... Rentre... Reviens... Le grand-père senti ses jambes défaillir mais il se refusa à prendre une chaise, tenu debout par la peur.
Pour compléter le tableau, des nuages s'amoncelaient dangereusement à la queue de l'appareil. Ashley s'en aperçut, mais sans s'alarmer plus que cela, elle amorça une descente de sécurité pour voler sous les brumes. - Non! Ash!! Remonte!! - Dash à Maman Oiseau! Tu me reçois? … Maman? … Papa? … Papy? … Ya quelqu'un? ALLO? Dash à la base, vous me recevez, à vous! A VOUS!!! Seule... Elle était définitivement seule... Elle passa nerveusement sa langue sur sa lèvre inférieur avant de laisser ses pupilles partir en quête de tout ce qui pourrait lui donner une orientation. L'altimètre fonctionnait et tant qu'elle ne trouvait rien en face, elle ne risquait rien, mais elle ne pourrait pas voler indéfiniment. Tôt ou tard le combustible viendrait à manquer et le brouillard gagnerait à l'épreuve d'endurance.
*Allez... on reste cool...*
Un mantra, sur le principe, constituait un minimum d'utile, mais dans ce genre de situation, les principes étaient bien peu de choses. Il lui fallait la pratique... Elle n'en manquait pas, mais là, tout de suite, une idée géniale aurait été la bien venue. Elle n'avait absolument aucune idée de là où elle pouvait bien se trouver. En quête du moindre indice, dressée sur son siège, elle cherchait depuis le cockpit tout ce qui pourrait lui épargner la moindre erreur qui pourrait lui être fatale. - Foutue troisième dimension! - Dash, est-ce que tu m'entends, à toi! … Dash!!! Dean... Les prévisions n'étaient pas mauvaises pourtant...? - Je sais! J'comprends rien! Regarde! J'ai tous les bulletins! Je sais pas d'où vient cette purée de poix! - C'est pas moldu, ça... - Papa...
Pilote rime avec calme, mais si la panique ne parvient pas à prendre ses quartiers dans les âmes de ces hommes et femmes, la tension, elle, envahissait jusqu'au moindre recoin de détente résistant encore et toujours. L'attention à son paroxysme, Ashley se refusait à battre en retraite, il fallait qu'elle atterrisse, mais son hochement de tête dénotait sans mal le désespoir qui frappait dores et déjà aux portes de son esprit. - Descendez! Prenez les lampes! Mary et Dean en tête, tous les employés du club se ruèrent dans les escaliers. Papy quitta son poste pour un balcon avancé un peu en contre-bas de la tour. De là où il était, il tira une fusée de détresse. La lumière rouge flamba à travers le brouillard comme on laisse s'élever l'espoir. Dash la perçut immédiatement et décrocha prudemment pour la rejoindre. Au sol, la piste déjà éclairée malgré les trois heures de l'après midi, redoublait d'éclairages : on lui faisait signe de se poser. Trois hommes en bout de piste codaient « F.I.N. ». - Ok... Sur les côtés, des repères clignotaient lui donnant les mesures idéales. Par expérience, elle s'aligna à l'oeil nu et compta à haute voix. Guidés en bas par tous ses amis et membres de la famille qui retenaient leur souffle, elle amorça une descente approximative et envisagea enfin de se poser. Il y eut une secousse plus violente qu'à l'accoutumée et elle tint le manche comme jamais. L'appareil s'immobilisa.
- Dash!!!
De là où elle se trouvait, un soupire siffla entre ses dents. Les yeux clos, elle ne lâchait toujours pas les commandes. Son dos noués, chaque muscle tendu, elle ne parvint pas à se détendre assez pour le voir épouser la forme du fauteuil. On lui ouvrit et la voix de ses proches la sortit de son apathie hagarde. Les larmes coulèrent enfin. Pas les siennes. Elle ne réalisait pas. Des mains fortes et rassurantes l'empoignèrent et la forcèrent à sortir de là. Elle ne s'en souvint pas.
Le lendemain, le silence autour de l'appareil en disait long. La radio avait certes grillé, mais la trouille qu'elle leur avait fait, elle, enfant prodige du club, proche de tous, petite mascotte, n'avait aucun qualificatif. - Trouve une solution ou tu ne voleras jamais plus. La phrase venait de tomber comme un couperet. La seule qu'elle retint de cette semaine-ci. Manifestement il se passait des choses dans le monde sorcier, des choses qui les dépassaient tous. Son père avait eu peur. Son agressivité témoignait de la saturation de sa jauge de stress. Elle aurait pu râler mais il avait raison, malheureusement. Si elle voulait continuer à voler, il lui fallait une solution. Trois semaines plus tard, sa décision répondit à l'ultimatum. Animagus. Si elle trouvait en quoi se changer en gardant ses facultés mentales, elle pourrait s'éjecter et sauver sa peau. - Pas un oiseau. Avec le souffle de l'appareil qui s'éclate sur le sol, tu seras emportée avant même d'avoir analysé le terrain. - Mais Papy, j'ai aucune chance de survie si je prends un truc qui ne sait pas voler à 300 mètres du sol! - C'est pour ça qu'il faut que tu calcules bien ton coup! Traduction : devenir animagus et, en cas de pépin, s'approcher le plus possible du sol, sauter, retomber sur ses pattes... - Un chat? - Assez agile et petit pour sauter de branche en branche et courir... ouais. C'est une bonne idée.
Il lui fallut plus de trois ans de travail acharné pour y parvenir. Pas un soir sans qu'elle n'essaye. Pas une minute de temps libre sans qu'elle n'y pense. Se transformer pour retrouver sa liberté. Sans pouvoir voler, elle ne pouvait pas vivre. Sa vie se résumait au vol. A toutes les sortes de vols. A la fin de la troisième année, elle maîtrisait sa transformation et tout au long de la suivante, elle s'entraina à la faire perdurer. Recensée, elle ne fuit pas. Elle ne se servit de sa nouvelle condition d'Animagus qu'une seule fois pour sauver sa peau du crash, et des centaines d'autres fois pour l'entrainement, les petites commodités du quotidien comme éviter les embouteillages, les journalistes, les meutes de toute sorte... Désormais à l'aise sous ses deux formes, Ashley reprit les commandes de sa vie et plus rien ne l'empêcha de s'élever... Depuis ce jour, à chaque fois que le moment crucial de l'atterrissage se profile à l'horizon, il lui revient l'image de Sirius, de sa filleule et de son quasi-neveu pour compléter le tableau de sa famille. La peur vaut tous les rappeltouts du monde!
- Ca t'ennuierait si je mourrais? - Non, bien sûr sur non. - OK, donc je ne deviendrai pas animagus pour survivre au prochain crash que je pourrai avoir! (:)) - Lève-toi, on commence maintenant. - Donc ça t'ennuierait. - Non. … Ca m'ennuierait BEAUCOUP, mais je nierai avoir dit ça, même sous imperium. - C'est ça, oui...
Et tenu par l'engagement réciproque, Sirius ne se vantait pas plus que ça d'avoir été le mentor de Dash sous peine qu'elle ne dise à quel point elle lui manquerait, à quel point il était sentimental, à quel point cette petite chose fragile au grand coeur avait de difficulté à résister à l'oppression... Autant la fermer, effectivement, ou alors la jeune femme aurait bien pu se vanter d'avantage!
Who Is The Muggle Behind The Screen?
Ashley Nightingale [Terminée].
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum