-Professeur?
-Eh oui! De DCFM en plus. Le poste rêvé! Tu vas voir que je vais tenir plus d'une année moi!
-Non mais professeur... Ils ont oublié toutes les conneries que t'as fait?
-Qu'on a fait!

C'est autour d'un verre et d'éclats de rire qu'Aidan et Meredith se retrouvaient à chaque fois. Et comme à leurs habitudes, ils discutaient de tout ce qu'ils ne pouvaient plus vivre ensemble. Il faut dire que ces deux-là avaient été extrêmement proche par le passé. Oh ils le sont toujours, mais les choses ont nettement changé avec le temps.

Dès leur première année à Griffondor ils ne cessaient de se chercher des noises. En fait, pas tout à fait. Disons plutôt qu'Aidan cherchait des noises à Meredith. C'était déjà un grand dragueur à cette époque et pas une fille ne lui résistait vraiment. Jusqu'à ce qu'il tombe sur Meredith. Pas passionnée pour une mornille, la demoiselle repoussa ses avances. Mais c'était sans compter l'entêtement d'Aidan. Il les lui fallait toutes, et il était hors de question que Meredith résiste. Ainsi s'imposa-t-il, tantôt gentiment, tantôt plus fermement. A chaque fois la Lionne lui faisait expressément comprendre que ses efforts ne servaient à rien. Et bien que par moment Aidan lui portait sur les nerfs, elle finit par s'adapter à sa présence et à ses jeux. Lorsqu'il n'était pas près d'elle, ses amis la sentait plus morose, elle la demoiselle casse-cou qui avait du mordant même face aux dernière années de Serpentard.
Il fallut du temps avant que tous deux s’aperçoivent qu'ils avaient franchit une limite de non-retour. Ils ne pouvaient certainement pas être en couple, mais ils ne pouvaient pas non plus n'être rien l'un pour l'autre. Un lien c'était créé entre eux, un lien plus fort qu'une simple amitié, mais pas idéalement celle d'une relation concrète. C'est cela qui caractérisa leur liaison durant tout leur parcours à Poudlard. Des amis, trop proches pour n'être que cela, mais se connaissant trop bien pour être davantage. Ce n'est pas pour autant qu'ils ne se cherchèrent plus, l'un et l'autre d'ailleurs. Mais cela se faisait toujours à la légère. C'était une relation trop profonde pour être gâchée avec une histoire de cœur.
Pour autant le duo était aussi très connu pour ses sales coups. En effet, ils étaient assez turbulents dès leur première année et, en se liant l'un à l'autre, cela n'alla pas en s'arrangeant. Tout au contraire même. Leurs petites bêtises individuelles se changèrent en énormes catastrophes collectives. Combien de problèmes, de batailles en grande salle ont-ils causés? Combien de points ont-ils fait perdre à leur maison? Ils ont cessés de les compter depuis bien longtemps et seuls les rapports de Poudlard doit les connaître. Ce fut d'ailleurs une chance qu'ils ne soit jamais renvoyés, même s'ils étaient parfois à la limite de l'expulsion. C'était peut-être grâce à leurs résultats scolaire qu'ils se sauvaient toujours la mise. Car même s'ils provoquaient de nombreux problèmes, ils étaient de très bons élèves. En terme de résultat bien sûr. Parce qu’il ne faut pas croire qu'avec eux les discordes n'existaient pas en plein cours.
A leur yeux, personne, pas même les professeurs, ne devait avoir une opinion nulle sur eux. Ils devaient être haïs ou bien aimés, mais ne devaient jamais laisser indifférent. Ils cumulés donc les idioties, les comportements casse-cou, quitte à faire de l'ombre aux très célèbres Maraudeurs. Le duo les respectait, mais il faut dire que ça donnait un sacré coup de pouce dans leur ego lorsqu'ils faisaient « pire » que le quatuor.


-Ils n'ont pas peur que tu fasses des tiennes?
-Ils semblent me faire confiance.
-Tu as porté serment ou un truc du genre.
-Oh non certainement pas. Mais si ça t'inquiètes tant que ça, saches que je resterais sage.
Aidan s’étouffa à moitié dans sa mousse:
-Toi, sage? Va falloir boucler les dortoirs et imposer des limites de sécurités aux pauvres élèves, oui!
-C'est toi qui parle!
-Moi au moins je ne faisait qu'un type de dortoir, finit-il malicieusement

Les plus gros ennuies qu'ils provoquaient n'était pas vraiment en terme matériel mais plutôt moral. Ils jouaient tous deux beaucoup avec les cœurs des autres, mais chacun à sa manière. Certes ils couraient tous deux après les jupons mais pas forcément après les mêmes. Et oui, vous l'aurez bien comprit, Meredith était (et est toujours) attirée par les demoiselles. Elle mit beaucoup de temps à le comprendre, mais prit bien du plaisir à l'apprendre. Elle n'avait jamais vraiment comprit, ou juste cherché à comprendre, pourquoi elle ne parvenait pas à rester avec un garçon, aussi bien soit-il, prenant toujours un malin plaisir à briser le cœur de ceux qui finissaient avec elle. Jusqu'à que l'un d'eux la quitte pour un autre. Oui un. C'est à partir de cet instant qu'elle tenta elle aussi l'expérience. Et en ressortie plus grande. C'est pourquoi elle finit par s'aligner sur les mêmes chasses qu'Aidan, même si elle ne manqua pas de s'approprier quelques cœurs masculins au passage. Les jolies petites filles, jamais encore touchées par un étudiant et qui attendent "le prince de leur vie" sont ses proies favorites. La lionne adorait leur prouver qu'il n'y avait pas que les hommes et qu'elles pouvaient très bien se débrouiller sans eux.
Elle ne nia jamais sa tendance plutôt gênante aux yeux de certains. Qu'importe les critiques et les mauvaises langues, la sienne fonctionnait parfaitement et elle se plaisait à contredire les mœurs de la société.

C'est lorsqu'elle comprit tout ceci qu'elle finit par saisir le signification de son patronus. Cela faisait plusieurs années déjà qu'elle le possédait mais n'avait trouvé qu'une partie de son symbole. La licorne. Cet animal fabuleux est en réalité très spécial. Il ne se laisse approcher que par les femmes, et en particulier les jeunes filles vierges. Les hommes peuvent peut-être l'approcher, mais ne peuvent pas la caresser, ou bien un nombre très restreint d'entre eux. Si l'un d'eux abuse de sa confiance, la licorne n'hésite pas à lui foncer dessus, corne en avant, prête à l'embrocher. Meredith est un peu comme ça. A foncer tête baisée avec les hommes (et dans les ennuis aussi), à les briser puis repartir comme si de rien n'était, et être nettement plus douce et cajoleuse avec les filles.
Aidan faisait parti des seuls hommes qui auraient très bien put prendre son cœur. S'ils l'avaient réellement voulut...

Seulement le temps se charge de séparer les routes de gens qui s'aiment. On a beau se battre pour rester liés, on finit parfois par décrocher. Le duo a depuis lors prit de nombreux virages et même s'ils restent proches, leur relation n'est plus exactement la même qu'autrefois. Après Poudlard, Meredith voulut tenter des études dans le but d'être Auror, fréquentant la même université qu'Aidan. Les choses ont fait qu'elle s'est retirée de cette formation. Il y a de nombreuses raisons à cela mais s'il ne fallait en citer qu'une ce serait la jalousie.
A partir d'un certain âge il est parfois temps de se lier plus ou moins définitivement avec quelqu'un. C'est ce qu'Aidan fit. Cependant on ne peut pas passer autant de temps avec sa meilleure amie, sa sœur de cœur, qu'avec sa femme, celle qu'on aime et avec qui ont veut bâtir le reste de sa vie. Meredith comprenait parfaitement cela et gérer le fait de passer beaucoup moins de temps avec son petit Lion. Mais Sarah, la future femme d'Aidan, ne le supportait toujours pas. Pour elle, ce n'était pas assez. Meredith était trop proche, beaucoup trop proche de lui. Crise après crise, Aidan venait voir Meredith de moins en moins souvent, lui racontant parfois "la dernière". Un soir où il l'avait invité dans son appartement en l'absence de sa jeune femme, il lui expliqua qu'il ne supportait plus la situation et lui annonça sa décision.

Spoiler:

Au cours de la semaine, elle quitta ses études et vécu de petits boulots pour le restant de l'année. Plusieurs mois plus tard, elle suivit de nouvelles études afin d'être professeur de Défenses Contre les Forces du Mal. Elle ne revit que quelques fois Aidan, à des occasions toujours très rapides, le temps de s'échanger quelques mots. N'ayant plus son compagnon de bonne humeur, le seul homme et frère de son cœur, elle finit par pourrir ceux des autres. Se concentrant entièrement sur ses études le jours et croquant les mâles le soir, les quittant sans un au-revoir.
Elle attendit que la situation entre Aidan et Sarah s'améliore avant de se permettre de revenir. Mais même si aujourd'hui ils peuvent se revoir sans provoquer une nouvelle crise de jalousie chez la jeune femme, Meredith ne se permet pas d'être trop proche d'Aidan. Ou du moins, elle ne peut plus se permettre d'être aussi proche de lui qu'autrefois.
Pourtant, lorsque Dumbledors la contacta afin qu'elle soit admise en tant que nouvelle professeur de DCFM à la prochaine rentrée de Poudlard, la meilleure des écoles, elle n'avait put s’empêcher de joindre Aidan sur le champ. Il lui était impensable qu'il ne soit pas le premier au courant. Alors même si elle le niait parfois face à lui, il restait sa priorité, l'être à qui elle tenait le plus.

-Tu m'en veux, demanda Meredith
-Pour?
-Ton choix?
-Ah... Ça... murmura le jeune homme en fixant sa Bièraubeurre, Non pas vraiment. Je comprend où tu voulais en venir.
-Qu'il était temps pour toi de faire ta vie.
-Et que tu n'avais pas ta place à l'intérieur? Pour ce passage-là par contre je t'en veux. A cette époque tu étais quand même la plus importante à mes yeux.
-Et plus maintenant? demandant ironiquement Meredith
-Si tu me dis qui m'a remplacé, je te répondrais.
-Et si je te dis qu'il n'y a personne?
-Alors je t'en voudrais.

Meredith n'avait jamais réussi a s'attacher à quelqu'un. Elle ne l'a jamais recherché, celui ou celle qui lui conviendrait. Au contraire. Lorsqu'un homme ou une femme s'accrochait trop à elle, elle partait. Fuyait plus précisément. Elle aime séduire, mais elle ne se sent pas prête à faire sa vie, à la construire. Elle est jeune et profite. Use et abuse même. Si certain trouve le bonheur, elle, elle ne le cherche plus. Au fond elle l'a déjà trouvé, il y a treize ans de cela. Elle sait qu'il n'est jamais loin, elle ne le surveille pas, prend juste des nouvelles. Le savoir heureux, ça lui suffit.