Galway. La ville de mon cœur. J'y suis né le 31 octobre 1967 et j'y ai vécu toute ma vie. Ma mère et mon père était des personnes dévouées. Ils nous ont élevés comme il se doit, mes trois frères, mes deux sœurs et moi. Le respect d'autrui et de soi-même, les bonnes manières, la vie en société, la gestion des responsabilités, la célébration des gens qu'on aime, etc. Ils ont toujours tenu à ce que nous soyons autonomes, polis, avenants et respectueux. Ils nous ont aimés inconditionnellement, nous donnant leur temps et leurs moyens au maximum. Je leur en suis et leur en serai toujours reconnaissant.
Les rapports avec mes frères et sœurs ont fluctué suivant les années.
Avec l'aînée de mes sœurs, Emerald, il a toujours été question de compétition. Celui qui arrivait le plus vite à la salle de bain, celui qui mettait la table le plus vite, celui qui apprenait le plus vite sa leçon, celui qui attrapait le pompon le plus rapidement... Même notre dépucelage a fait l'objet d'un concours, c'est pour dire. Il faut ajouter qu'elle n'a que dix mois de moins que moi. C'est celle avec qui je m'entends le mieux et qui me comprends le mieux. C'est un garçon manqué, ce qui a dû aider à ce que l'entente soit si bonne. Nous partageons beaucoup de choses, jusqu'à nos passions : les dragons et la magie noire. Oui, ce n'est pas bien pour le dernier, mais rassurez-vous, lorsque nous faisions nos séances de "vaudou", un art magique moldu africain, comme Esmerald aime à l'appeler, nos prenions d'immenses précautions. Des accidents sont parfois arrivés, mais il faut croire que notre chance était assez grande pour nous empêcher de nous blesser gravement. Nous avons dû laissé certains aspects de cette magie de côté, incertains des effets voire effets secondaire qu'il aurait pu y avoir. Par contre, l'Allée des Embrumes ne compte plus le nombre de fois où nous l'avons foulée de nos pas pour aller y dénicher tous objets ou ingrédients magiques. Nos parents n'en ont jamais rien su, heureusement pour nous.
Avec mes autres frères et sœurs, l'entente était bonne en général. Oh, j'ai eu mes périodes bien sûr. Vers mes sept ans, il ne fallait pas me laisser une poupée dans les mains : elles finissaient irrémédiablement sans cheveux, dans un plâtre ou même amputées. Mes deux plus jeunes sœurs n'appréciaient pas vraiment la plaisanterie. Vers mes neuf ans, je tenais toujours à faire l'attrapeur lors de nos parties familiales de Quidditch, défendant avec hargne mon du sur ce poste si on refusait de me le laisser - une lubie, ne cherchez pas, ça m'est passé au bout de deux mois. Mes frères n'ont pas apprécié non plus. Juste avant de partir pour Poudlard, j'avais décidé que je ne devais plus parler à mes deux grands frères aînées à cause de l'acte horrible qu'ils avaient osé commettre : embrasser une fille. Je vous jure qu'apprendre qu'ils avaient déjà embrassé des filles, à l'époque, m'a fait penser qu'ils étaient devenus fous : c'était une race à part ces femelles, hors normes et incontrôlables – Esmerald mise à part –, quel idée saugrenue d'aller s'enticher de certaines d'entre elles. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres. J'avais mes lubies, mes moments de crises passagers. Au final, c'est peut-être ça qui a fait que je n'ai jamais tissé de liens avec eux aussi profonds qu'avec Esm'. Cependant, détrompez-vous : je donnerais ma vie pour un des membres de ma famille si nécessaire, je tiens à eux comme à la prunelle de mes yeux. D'ailleurs, tant que j'y pense, je vous donne une petite indication des dates de naissance des mes frères et sœurs, histoire que vous vous y retrouviez :
13/02/1959 : Carlin
05/06/1962 : Ean
24/01/1965 : Aldric
31/10/1967 : Moi-même
01/08/1968 : Esmerald
19/05/1969 : Felicia
28/12/1971 : Keiry
Revenons-en à nos moutons. Ma passion pour la magie noire, bien sûr, n'est apparue que plus tard, une fois ma scolarité à Poudlard entamée. A part cette tâche dans mon curriculum vitae, je n'ai jamais posé problèmes à nos parents - du moins, ils n'en ont jamais eu vent, ce qui atteste de ma discrétion. Non, mon enfance a été bercée par les cours donnés par un précepteur ami de la famille : lecture, calculs, géographie, histoire, etc. Tout le nécessaire pour démarrer dans notre vie d'enfant en attendant d'aller à Poudlard. Chamailleries, concours, jeux, moments de tendresse, parties de Quidditch, réunions familiales, corvées ménagères, devoirs, fêtes en ville, passages sur la capitale, etc. En somme, une enfance heureuse, banale, à la limite de l'ennuyeux pour vous, lecteurs.
Soit dit en passant, lire le journal de quelqu'un d'autre, c'est pas beau du tout, vous le savez ? Si ma mère était là et vous prenait sur le fait, elle vous mettrez une tape derrière la tête, un mélange d'un pincement et d'une claque : un de ses spécialités...
Avant de clore mon enfance et d'en arriver à Poudlard, il faut tout de même que je vous raconte comment mes pouvoirs se sont manifestés, c'est assez... traumatisant pour moi. Oui, je crois que c'est le mot. Je devais avoir dans les huit ans, Aunt Rosie était de passage à la maison. Je ne supportais pas – et ne supporte toujours pas – cette femme. Grossière, alcoolique, autoritaire, vulgaire. Pourtant, ce n'était pas le pire. Croyez-moi. Le pire c'était son odeur. Quelque soit le moment de l'année, l'heure de la journée, ce qu'elle avait pu faire avant, elle sentait toujours le poisson et en plus, elle piquait de la barbe et avait une haleine... imposante, dirons-nous. Oui, vous devez vous dire que c'est puéril. Je reconnais à présent que ça l'est – mais ça ne m'empêche pas de penser qu'elle sent toujours aussi mauvais et qu'elle pique de plus en plus à mesure des année... Eh bien cette année-là, elle était d'humeur très joyeuse. Vraiment. Elle avait encore bu plus que de raison lors d'un de nos repas de famille. Allez savoir pourquoi, elle avait décidé que je devais lui faire un câlin. Vous imaginez ? Allez me coller à elle tandis qu'elle irait me coller un gros baiser baveux sur la joue ? J'en ai défailli d'avance. Je sais ce que vous devez dire, une fois de plus – vous allez finir par croire que je suis devin, haha... hum –, que pourtant mes parents m'avez bien élevé, le respect d'autrui, gna gna... Je vous rétorquerai que vous n'avez jamais passé un repas de trois heures juste à côté de Aunt Rosie... dans une pièce fermée... en hiver. J'en suis ressorti à moitié vert, à moitié blanc, ayant perdu tous mes repères, la nausée au bord des lèvres depuis près de deux heures, ne sachant plus où se trouvaient les toilettes, des hallucinations m'apparaissant de temps à autres – vous saviez que le Lapocornu savait danser le disco avec des talons aiguilles ?
Quoiqu'il en soit. J'ai encore cette vision en tête de ma tante, tendant ses bras ouverts vers moi, la bouche déjà en cul-de-poule, prête à la coller baveusement à mon innocente joue, le tout mêlé à une odeur irrespirable au vu de la proximité. J'en frémis encore malgré le temps passé. Eh bien, sous la panique et la peur – oui, je peux enfin l'avouer à présent que je suis un homme adulte–, mon visage s'est couvert de pustules jusqu'à ce qu'on ne distingue presque plus mes yeux. Imaginez des pustules purulents, partout, les lèvres, les paupières, le nez. Ragoûtant, hein ? En tout cas, ça a eu l'effet escompté : Aunt Rosie s'est écartée, une moue de dégoût prononcée sur le visage, ses bras enfin rabattus, par Merlin. De la médaille : les pustules sont restées une semaine entière – durant laquelle je ne suis presque pas sorti de ma chambre – avant de disparaître petit à petit. Revers de la médaille : j'ai trainé pendant longtemps le surnom du boutonneux entre mes frères, sœurs, cousins et cousines (et nous sommes nombreux dans la famille...).
Mon entrée à Poudlard s'est déroulée en même temps que celle d'Esmerald. En effet, même si elle était de 1968, ayant atteint mes onze ans après le 1er septembre, j'étais inscrit pour l'année d'après. Au final, ça ne m'a pas dérangé plus que ça : je considérais comme une chance de faire ma scolarité en même temps qu'elle. Nous nous sommes soutenus mutuellement. Pour cause, nous en avons eu vraiment besoin. En effet, les membres de notre famille ont toujours été répartis à Poufsouffle, Serdaigle et, quelques rares fois, Gryffondor. Seulement, personne n'était allé à Serpentard avant nous. Nous avons créé la surprise. Même plus que ça. Rassurez-vous, nous n'avons tourné en de quelconques mages noirs à la botte de Vous-savez-qui. Mais je suis me suis toujours dit que notre penchant et notre curiosité pour la magie noire y avait été pour quelque chose.
Nous avons du nous y faire et gagner la confiance des autres. La période était trouble, le Lord noir rassemblait ses adeptes à travers le pays. Nous nous entendions avec quelques uns de notre maison et de notre année. Heureusement pour nous, toutes les familles des enfants présents à Serpentard n'étaient pas du côté de Vous-savez-qui. Les relations entre les gens étaient bizarres, certains se méfiaient de tout et tout le monde. Notre famille, de son côté, avait toujours été du côté des « gentils ». Pour preuve : le professeur McGonagall était une de nos grandes tantes. Elle faisait partie de la branche écossaise de notre famille. On s'était toujours bien entendu avec elle. Bien sûr, cette parenté n'était connu que de peu de personnes : le professeur Dumbledore, elle et nous. Garder ça secret était la plus sage décision. Cette parenté mise à part, nos convictions à Esm' et à moi étaient profondément ancrées du côté de l'ordre du Phoenix, dont nos parents faisaient après tout partie. L'idéologie d'un grand malade incapable de se satisfaire de ce qu'il a et ressentant le besoin impérial d'écraser tout ce qui ne lui va pas, non merci. Bien sûr, tout ne me semblait pas si clair à l'époque, j'étais encore jeune.
En somme, tout n'a pas été facile les premiers temps. Malgré la renommée positive de notre famille, notre appartenance à la maison Serpentard a mis le doute en plus d'un élève – ce que je comprends malgré tout. Pourtant, Esm' et moi avons réussi à nous faire notre petite place, notre petit groupe d'amis parmi les Serpentards. Nous avons même sympathisé avec des élèves de maisons autres. Pour être honnête, l'appartenance de nos frères ainés, Ean et Aldric, à la maison de Poufsouffle, a aidé à pas mal de moments et idem pour l'arrivée l'année d'après de ma deuxième petite sœur, Felicia, à Serdaigle.
[En cours d'écriture...]